jeudi 6 juin 2013

Présentation de l'orgue du Temple d'Anduze par Éric Andanson (2010)

Le temple d'Anduze est l'un des plus grands de France, construit entre 1820 et 1823 sur l'emplacement de la cour des Casernes. Dès l'origine, la communauté protestante compte avec le soutien d'un orgue en état de marche.
Construit à l'origine par Théodore Puget, en 1848, il comportait alors 7 jeux sur un clavier manuel et pédalier.

En 1958, il est' gravement endommagé par les inondations et Edmond Costa le restaure en 1960, le portant à 2 claviers et pédalier.
Sa composition s'établit alors ainsi:
I Grand Orgue
II Récit
Pédalier
Montre 8
Flûte 8
Soubasse
Bourdon en bois 8
Flûte 4

Prestant 4
Nazard 2 2/3

Plein jeu IV
Doublette 2


Tierce 1 3/5


Trompette 8


Puis, entre 1989 et 1992, Bernard Raupp le reconstruit. Il en étend la console, la soufflerie et le sommier, en utilisant quelques éléments de l'orgue initial. Le buffet est étoffé d'un positif de dos et mis en polychromie. Ces travaux ont été commandés par l'Association des Amis de l'Orgue du temple d'Anduze qui, depuis 1987, se charge de son entretien.
La restauration de M. Raupp a permis de réaliser un orgue "utilisé beaucoup plus largement que pour son rôle cultuel et liturgique.

A la faveur d'un relevage réalisé par la Manufacture Pierre Saby (Saint- ­Uze, Drôme) en 2009/12010, une ré-harmonisation et une modification de la composition est faite par Jean-François Dupont.

L'instrument est doté de 19 jeux sur 2 claviers manuels et un pédalier.

1- Positif de dos
II - Grand-Orgue
Pédalier
Bourdon 8
Montre 8
Soubasse 16
Prestant 4
Flûte à cheminée 8
Principal 8
Doublette 2
Gemshorn 8
Douçaine 16
Sesquialtera II
Prestant 4

Cymbale III
Flûte 4

Régale 8
Rauschquinte Il


Mixture IV


Cornet V


Trompette 8



Claviers de 56 notes, pédalier de 30 notes. Combinaisons:
Accouplement I/ll Tirasses: I, II Tremblant: I
L'esthétique choisie pour cet instrument s'inspire des orgues construits en Allemagne du Nord, permettant de jouer dans de bonnes conditions les oeuvres de musiciens comme Buxtehude, Bach, Bruhns, etc.
Ce type d'instrument est basé sur un plenum vigoureux, qui se construit. sur les seuls principaux (sauf ici au positif puisque le jeu de base est un bourdon 8). II en résulte une sonorité claire, qui se suffit à elle-même. Rajouter des jeux ne peux "qu'empâter" le son. A la limite, on peut rajouter le gemshorn 8, mais les jeux de flûtes sont à proscrire. L'harmonie est faite dans ce sens: inutile de surcharger les registrations on ne ferait que brouiller la polyphonie et ....assourdir l'assistance ! Sur cette base, on peut colorer le plénum de'la sesquialtera II du positif, composée de tuyaux de principaux, et de la trompette 8 au grand-orgue, sombre et prompte dans la basse. Ainsi la composition idéale et la suivante:
GO : montre 8, (gemshorn 8), prestant 4, doublette 2, rauschquinte II, mixture IV, (trompette 8)
POS : bourdon 8, prestant 4, doublette 2, cymbale III, (sesquialtera li) P : Soubasse 16, principal 8, (douçaine 16)
Accouplement POS/GO, tirasse GO.
Les jeux de flûtes sont colorés, et sonnent très bien seuls ou en accompagnement. Dans l'orgue d'Anduze on peut aussi bénéficier du contraste entre le cornet flûté et chaleureux du grand-argue en dialogue avec la sesquialtera du positif. Le gemshorn 8 qui est légèrement "gambé", très suave, donne des couleurs chaudes et calmes aux autres jeux de fonds et propose une alternative intéressante aux mélanges 8-4. L'ensemble des 8 pieds des 2 claviers donne une sonorité pleine et chaleureuse
Le pédalier est constitué de ce qu'il y a de plus indispensable : une soubasse 16 profonde et à l'attaque prompte; et un principal 8 tranchant. Dans les mélanges peu fournis, ces deux jeux suffisent à assurer les basses, le recours aux tirasses devant se faire le tard possible.

Les jeux d'anches sont représentés par l'indispensable trompette 8 dont l'harmonie est typique des orgues allemands, loin de la clarté et du brillant triomphant des anches françaises. Cette trompette et faite pour sonner en solo, ou se mélanger au plénum pour le colorer, le modifier, à tel point qu'elle peut être la base de construction de ce dernier à la place des fonds. C'est un jeu traité comme le reste sans qu'il ait de prédominance ce qui fait la grande différence avec les anches françaises faites pour sonner seules (c'est-à-dire sans les fonds et les mixtures) ou par-dessus le plénum. Pour la musique française elle manque de brillant et même associée au cornet elle ne reproduit pas l'effet du grand jeu pour la littérature française. Ce mélange trouvera se place dans certaines fugues, les anches ayant par nature des grandes qualités pour faire ressortir la polyphonie.

La régale du positif à la sonorité brillante et claire est particulièrement faite pour sonner en solo, ou en coloration dans les mélanges solistes. Elle ne se lie pas particulièrement au plénum.

Enfin au pédalier une anche 16. Ici le choix d'une douçaine est particulièrement judicieux. Dans un instrument de cette taille (19 jeux) il serait dommage de mettre une posaune 16 (ou trombone) qui risquerait d'être immanquablement envahissant dans les mélanges doux. La douçaine offre la possibilité d'être utilisée sur des mélanges peu fournis sans écraser et de prendre de l'ampleur au fur et à mesure qu'on ajoute des registres, jusqu'à parfaitement soutenir le plénum augmenté de la sesquialtera et de la trompette.

En conclusion, l'orgue d'Anduze est avant tout fait pour soutenir le chant des chorals et donner la réponse à l'assemblée, par !es pages ornées des grands compositeurs qui ont pris leur inspiration de ces chorals. II en résulte de nombreuses possibilités de détails, un plénum nourrit et chantant pour "préluder' et "postluder" avec une grande variété de couleur. Malgré sa taille modeste (19 jeux), il est un très bon représentant de l'esthétique "allemande". A chaque organiste de se laisser guider par la poésie et la délicatesse de l'harmonisation.